Le big bang territorial ou la fin du millefeuille

Réforme territoriale, décentralisation, division par 2 du nombre de régions, suppression des conseils départementaux... Jégoun est au taquet sur le sujet, Abadinte en a fait un billet rigolo, Bab en a remis une couche (liens en fin de billet)...

Bref, le sujet passionne. Et c'est tant mieux.
Parce qu'après tout, tout le monde sera concerné.

Ce qui est marrant, c'est que tout le monde est d'accord pour dire que le millefeuille français est une plaie, une usine à gaz, une multiplication de doublons de compétences, une confusion généralisée du qui-fait-quoi, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut une réforme territoriale digne de ce nom, mais tout le monde refuse qu'on touche à sa région, son département.

Genre:
"OK pour réduire le nombre de région mais pas touche à l'Auvergne!"
"La réforme territoriale est nécessaire mais moi Breton, je ne serai jamais normand!"
Voilà donc ce qu'on pouvait lire sur les réseaux sociaux ces derniers jours.

Personnellement, je m'en contrefous.

Je suis originaire de la RĂ©gion Centre et je vis en RĂ©gion Parisienne depuis 1987.
Je suis très attachée à Orléans, Chécy, Donnery, Mardié, Tours, St-Avertin, Yerres, Brunoy et toutes les villes par lesquelles je suis passée.
Mais je n'y suis pas attachée au point d'en faire un argument pour m'opposer à cette réforme que tout le monde sait inévitable et indispensable.

A l'heure où le Gouvernement est toujours en quête d'économies, en raclant tous les fonds de tiroirs possibles, à l'heure où nos politiques n'ont plus que le mot "compétitivité" à la bouche, il me semble indispensable de se pencher sur la compétitivité de nos collectivités territoriales.

Comme Jégoun et les autres, je suis très attachée à la proximité immédiate, celle de la commune. Pas question d'y toucher, et tant mieux puisque ce n'est pas à l'ordre du jour.

On lit aussi ici ou lĂ  que le Gouvernement veut supprimer les dĂ©partements. Bronca dans les rĂ©seaux sociaux. 
Relax. Il n'a jamais été question de supprimer les départements mais de supprimer les conseils départementaux (anciennement conseils généraux), c'est pas tout à fait la même chose.

On parle aussi des communautés d'agglomération, intercommunalités, communautés de communes, de communauté urbaine. C'est confus, personne ne s'y retrouve. Pour faire simple, notons que tous ces machins sont en fait des EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale) qui ont en charge un certains nombre de domaines dans les communes qu'ils regroupent.
Au dernier conseil Conseil Municipal, la rĂ©forme a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e. Il y a de fortes chances pour la CAVY par exemple (CommunautĂ© d'Agglo du Val d'Yerres) fusionne avec celle de SĂ©nart Val-de-Seine par exemple. Nicolas Dupont-Aignan est contre. Normal, il en est le prĂ©sident. Non. Je suis mauvaise langue. Il pense qu'on est plus fort quand on est en petit groupe que quand on est nombreux. Perso, je ne suis pas convaincue par cet argument. 

Quitte à simplifier le millefeuille, autant y aller carrément.

D'ailleurs, 6 Français sur 10 sont favorables à la suppression des conseils départementaux. Pour une fois qu'une réforme est populaire, profitons-en!
J'imagine donc que parmi les 4 Français sur 10 qui sont contre, on trouve des Bretons, des Corses, des Basques, des présidents de conseils départementaux, des présidents de région et des présidents d'EPCI.
Normal. Chacun défend son identité ou sa petite parcelle de pouvoir.

D'ailleurs, y'a un autre truc qui est rigolo, c'est la rĂ©action des politiques Ă  l'annonce de cette rĂ©forme par Manuel Valls. Certains ont critiquĂ© les dĂ©lais de mise en Ĺ“uvre de cette rĂ©forme. Genre c'est trop lent. Mais je n'ose imaginer quelles auraient Ă©tĂ© leurs rĂ©actions si on leur avait dit que c'Ă©tait pour 2015. 

Bref. Tout le monde critique ce foutu millefeuille mais tout le monde a peur du changement.
Relax.

Il y a fort à parier que dans notre quotidien, cela ne change rien. Mais il y a aussi fort à parier qu'en termes d'efficacité et de réduction des dépenses publiques, ce soit hyper efficace.

Aujourd’hui, la France est dĂ©coupĂ©e entre 4 Ă©chelons administratifs qui se partagent des compĂ©tences: commune, EPCI, dĂ©partement et rĂ©gion. Et face Ă  ce bordel, m'est avis qu'il y a vraiment moyen de secouer tout ça pour le simplifier.

Quant aux 11 régions, je ne me livrerai à aucune spéculation car elles ont déjà toutes été plus ou moins faites.

Échantillon:

Sur le Tumblr du Gouvernement: DĂ©centralisation: oĂą en est-on?
Chez Regarder le Ciel: Vivre en Lotharingie
Chez Jegoun: 

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27 commentaires

  1. Je me suis vraiment bidonné des réactions du genre " pas touche à mon département" comme s'il s'agissait des gonades ou organes administratifs (au choix).
    Comme je vais sur mes 25 ans demain, je me permets de dire que le millefeuille c'est indigeste. Et je sais pertinemment que certains élus siégeant aux conseils départementaux (on n'ignore pas les pistons que certains élus font à leurs proches) refusent parfois d'abandonner leur siège de conseiller départemental puisque les conseils régionnaux existent déjà. J'attends de voir leurs réactions de drama-queens. Un prozac pour la route chers conseillers ? Et la réaction de certains politiques quant à la durée de mise en place, elle vient de leur âge plus ou moins avancé ? La mise en place d'un système, même de simplification administrative est long. Les effets ne sont jamais immédiaux.
    Patience est une vertu que trop de gens perdent de vue.

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    1. Bon anniversaire alors!
      Tout le monde veut réformer mais personne n'est prêt à faire des concessions...

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    2. « Les effets ne sont jamais immĂ©diaux. »

      Cependant, il leur arrive parfois d'ĂŞtre immĂ©diats…

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    3. Voire immédial quand il n'y a qu'un seul effet.

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    4. whoops ! mea culpa pour immédiatS.
      @elooooody : merci. Et comment on peut avoir qu'un seul effet vu la complexité administrative et juridique de notre système ? Je pensais que seul un effet peut amener à des réactions en cascade. Je tergiverse sans doute...

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    5. Non c'était une boutade rapport au pluriel d'"immédiat"!

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    6. Il y a aussi le problèmes des e-médias, mais ça nous entraînerait trop loin. Et on risquerait de faire imploser Mika.

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    7. mhhhh, je n'en serais pas si sûr. De toute façon, la cascade finira bien quelque part, non ? Je suppute que ton imagination te mène très loin. Je prends pour exemple le post un peu plus bas sur les "Nadine" qui a failli nous inonder de détails fort graveleux sur l'e-média bloggesque d'Elooooody.

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    8. Arrête Mika! J'en ai encore la nausée!

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  2. bon article , mais ...
    ton crobart est bien fait mais il est faux au niveau intercom-commune
    la compétence ne peut pas être aux 2 niveaux
    puisque les interco n'exercent que ce que les communes leur ont délégué

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    1. Je ne crois pas qu'il soit faux... d'ailleurs, il n'est pas de moi mais du Gouvernement himself.
      Tout dépend des mesures qui sont prises dans un même domaine (certains dépendent de la commune uniquement, d'autres dépendent de l'interco)

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  3. Le seul truc positif de cette pâtisserie roborative c'est le plein emploi dans la fonction territoriale. Y aura plein de nouveau chômeurs, c'est tout.

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    1. Il y aura aussi un redéploiement des agents. Car ce n'est pas parce qu'on va réduire les couches du millefeuille qu'il y aura moins de taf.

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  4. Pas sûr. L'empilement administratif est une vieille ficelle soviétoche pour occuper le malandrin et créer un semblant de paix sociale. On désindustrialise ... on désadministratise... on évapore on disperse...

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    1. Bon admettons mais tu es d'accord pour reconnaître qu'il faut impérativement alléger l'administration territoriale non?

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  5. J'ai bien connu ChĂ©cy, dans les annĂ©es 1973 – 1977 : mon meilleur ami de l'Ă©poque habitait rue de la Charpenterie. Je me souviens de longues promenades nocturnes le long du canal, lorsque le temps s'y prĂŞtait, des allers et retours que je faisais Ă  Mobylette depuis chez moi (La Source d'abord, puis La FertĂ©-Saint-Aubin). Je me rappelle quĂ  cette Ă©poque lointaine, on traversait un assez long bout de campagne, entre Saint-Jean-de-Bray et ChĂ©cy. Mon ami me disait qu'un jour, il n'y aurait plus que la ville, entre ces deux bleds. Je pensais qu'il dĂ©raisonnait, ça me semblait impossible. Et puis, le temps a passĂ©, et tout cela est devenu de la laideur qu'on peut voir aujourd'hui…

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    1. Parfaitement, je confirme...
      Même Donnery est bétonné même si son bourg est resté charmant.
      Quant à Mardié, n'en parlons pas.
      Mais arrêtez de nous trouver des points communs, ça m'angoisse.

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    2. Je comprends votre angoisse. La prochaine fois, je m'inventerai une adolescence bordelaise ou malgache, afin de vous apaiser.

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  6. Oui faut alléger.

    Didier a eu une jeunesse très... brokeback mountain in Chécy. C'est rassurant quelque part.

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    1. Pas tellement mountain (la taulière vous le confirmera) et pas du tout brokeback ! J'ai même failli, une nuit de 1974, être dépucelé par une charmante Nadine, dans la chambre "annexe" de l'ami en question, avec sa bienveillante complicité. Si je dis "failli", c'est que le puceau s'y est pris comme un manche (enfin, non, justement).

      Heureusement, un an et demi plus tard, une seconde Nadine, aussi brune que la première était blonde, est venue à bout de la besogne.

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    2. Oh, tout, non ! On en est même fort loin, vu ma jeunesse de bâton de chaise ! De toute façon, j'en ai oublié les quatre cinquièmes, vu que je n'ai à peu près pas dessaoulé de toutes les années quatre-vingt.

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    3. la morale est sauve sauf pour Morano.

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